SOMMAIRE

portrait






On ne peut pas dire qu'il n'est plus nécessaire de présenter

la peinture de Geoffroy Bertin, ou même l'artiste lui-même.

En effet, vous ne l'avez vu ni à la télévision, ni dans les grands magazines. Je suis peut-être un de ceux qui ont suivi son évolution au plus près. Je me sens obligé de vous en tracer quelques lignes.


J'ai remarqué que dans sa peinture les personnages et les choses disparaissaient petit à petit dans la matière. Le tableau les absorbe. Ils s'enfouissent dans la texture des matériaux, en attendant que votre regard les fasse ressortir. Plus le peintre évolue et trouve son moyen d'expression, plus le spectateur doit vouloir s'évader dans le tableau. Si l'on reste à l'extérieur, il se dégage un certain pessimisme, un caractère morbide parfois. C'est le résultat de l'effet de surface, de l'engloutissement de la vie dans l'objet. Si l'on pénètre dans le monde imaginaire du peintre, l'interprétation personnelle reprend le dessus. La vie est affaire de perception.


Il y a loin du figuratif, même bien assaisonné d'imaginaire à l'abstraction concrète d'une surface qui ressemble à Mars, ou à une peau de rhinocéros en gros plan qui combine le glacé de la photographie et la rugosité de l'effet.


De la toile ou du bois des débuts au panneau d'aggloméré mince, le support a joué un rôle. De la représentation idéale du tableau à la réalité, du tissé à l'agglomération bois-colle, de la consommation au recyclage d'emballages de bouteilles d'eau (le passé et l'avenir, à 1,50 F la bouteille en grande surface), Geoffroy Bertin trouve sa place dans le monde d'aujourd'hui. Il fait indiscutablement ressortir la confusion qui y règne, ainsi que certains cotés sombres. On retrouve pourtant aussi une forte présence de la nature dont la puissance et les couleurs finissent par l'emporter.


La vision du peintre est actuelle. Elle est intéressante car elle suggère au spectateur une interprétation du réel, une perspective sur l'humain, qui rejoint le monde minéral en passant par l'imaginaire.


PASCAL LEGRAND